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Dossier Fourbure Cheval (7/7) : en résumé, tout ce qu'il faut retenir

La fourbure chez le cheval est une atteinte inflammatoire du pied. Elle est favorisée par des causes alimentaires ou métaboliques. Lorsqu’un cheval est fourbu, il présente des symptômes assez caractéristiques que nous détaillerons plus loin. Lors de cas très avancés, il arrive que la phalange transperce la sole. Les traitements sont symptomatiques et locaux. L’utilisation d’une ferrure orthopédique peut améliorer le confort de l’animal.

Fourbure chez le cheval : L’anatomie du pied

Le pied ou boite cornée est une structure organisée autour de la troisième phalange. Sa fixité est permise grâce à une structure lamellaire. En effet, la troisième phalange est englobée par le podophylle, ce dernier imbriqué dans le kéraphylle. Ce sont deux structures mises en jeu lors d’une fourbure.

Rappelons que le pied à un rôle d’amortissement et de pompe. En effet lorsque le cheval se déplace, un effet « pompe » permet d’avoir une bonne circulation. Ce bon fonctionnement du pied aura un rôle à jouer la formation d’une corne de qualité.

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Définition de la fourbure chez le cheval 

Une fourbure chez le cheval est une réaction inflammatoire du pied. Elle est caractérisée par une perte d’adhérence entre le podophylle et le kéraphylle. Cette perte de cohésion est nécrotique et entraine une dissociation entre la troisième phalange et la boite cornée. La force de traction exercée par le tendon fléchisseur profond sur la troisième phalange peut entrainer le basculement de la phalange hors de son axe d’origine. La troisième phalange peut finir par percer la sole. 

Deux origines sont avancées quant à l’étiologie de cette atteinte :

  • Atteinte vasculaire : arrêt de la vascularisation, œdème et ischémie consécutive à la baisse de vascularisation (absence d’apport en dioxygène dans les tissus).
  • Atteinte enzymatique : augmentation de l’activité enzymatique, protéolyse (destruction des protéines composant le kéraphylle et le podophylle) induisant la dégradation des membranes lamellaires. Production exagérée de molécules inflammatoires.

Les symptômes de la fourbure chez le cheval

Un cheval atteint de fourbure va présenter une panoplie d’expressions cliniques. On observe le plus souvent une atteinte des antérieurs ou dans des cas plus rares des quatre membres. Différentes attitudes peuvent être observées : le cheval va piétiner ou reporter son poids vers l’arrière pour se soulager les antérieurs et atteindre une position dite campée. Elle est bien souvent caractéristique. Il arrive aussi qu’il soit couché, refuse d’avancer ou de donner les membres (car cela induit de prendre du poids sur le membre opposé souvent douloureux aussi). Le tableau clinique est donc assez pathognomonique. La douleur est évidente et importante, le cheval exprimera cela par un abattement (plus ou moins important), une tachycardie (augmentation des battements cardiaques), une inflammation locale (on observe l’apparition d’un pouls digité sur les artères digitées du boulet) et le pied est chaud. Un test à la sonde s’avère douloureux, surtout en pince. Le cheval donne l’impression de marcher sur des œufs, il fait des petits pas et parait très inconfortable.

L’épisode de fourbure peut être aigu (évolution rapide de quelques heures à un ou deux jours) ou chronique (évolution plutôt à bas bruit sur plus de sept jours).

Les risques de complications sont importants : les chevaux présentent souvent suite à la fourbure une insuffisance rénale ou hépatique. Des lésions du pied très graves peuvent se produire : perforation de la sole devant la pointe de la fourchette ou, pire, déchaussement du sabot. Mais le plus souvent, l’évolution se limite à la bascule de la 3e phalange. Les complications infectieuses sont également à craindre en cas de plaie souillée. La mort peut survenir en raison de la douleur intense (choc) ou suite à des troubles généraux (coliques ou septicémie).

Les causes de la fourbure chez le cheval

Différentes étiologies ont été recensées :

Causes alimentaires
  • Excès en glucides lié à un apport alimentaire trop important
  • Ingestion d'herbe riche lors de la mise à la pâture
  • Chez des animaux obèses dont les besoins sont plus bas que sur des chevaux en état corporel normal
Causes endotoxémiques
  • Apparition consécutive à une péritonite, à une immobilisation (à la suite d'une fracture par exemple), une thrombophlébite importante (formation d'un caillot dans un vaisseau) et à des phénomènes inflammatoires ou infectieux
Causes endocriniennes
  • Maladies métaboliques de type Cushing (hypercorticisme hypophysaire) ou Syndrome métabolique équin (insulino-résistance)
  • Administration iatrogène de glucocorticoïdes annihilant les effets naturels des corticostéroïdes endogènes (induisant un désordre métabolique important)
Excès d'activité ou de charge
  • Activité physique trop importante entrainant une charge importante sur les membres
  • Douleur d'un membre entrainant un surpoids sur un des autres membres

Les méthodes de diagnostic de la fourbure chez le cheval

Pour mettre en évidence des fourbures, différentes méthodes de diagnostic sont utilisées :

  • La clinique : un cheval fourbu présente des signes typiques, ces derniers sont décrits plus haut (douleur, inflammation des pieds, cheval qui marche sur des œufs). Le contexte est également à prendre en considération (antécédents et événements nouveaux).
  • L’imagerie : des radios des pieds sont faites, on place un clou en guise de repère sur la paroi en pince. On regarde ensuite l’inclinaison de la troisième phalange. La paroi et la phalange doivent êtres parallèles. On peut ainsi déterminer le degré de basculement et de rotation de la phalange (ou son absence).
  • Le test de pression en pince : positif si le cheval est douloureux.

Les traitements de la fourbure chez le cheval 

Dans le cas de fourbures aigües sont des urgences, leur traitement dépend de leur étiologie :

  • Pour les causes alimentaires : on vide l’estomac s’il y a eu excès alimentaire accidentel, puis on passe de la paraffine et du charbon par sonde. On met le cheval au régime si cela est lié à contexte plus général (pré trop riche). On peut réduire l’espace d’accès à l’herbe et augmenter progressivement la taille de la pâture ou encore mettre le cheval au paddock avec du foin (moins riche que l’herbe).
  • Pour les causes endotoxémiques : on réalise une fluidothérapie ainsi qu’une antibiothérapie avec un soutien en anti-inflammatoires. Ne surtout pas donner des glucocorticoïdes aux chevaux fourbus, cela peut gravement empirer la situation.

Dans tous les cas on administre de quoi calmer la douleur. Pour cela on utilise des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS, surtout pas des corticoïdes). Parmi eux, l’aspirine peut avoir un bon rôle sur la vascularisation du pied.

Un recours à la cryothérapie est recommandé, via l’utilisation de boots réfrigérantes ou de pains de glace fixées autour du pied. Refroidir le pied permet d’une part de limiter l’inflammation et d’autre part de calmer la douleur. Au mieux l’inflammation sera gérée, au plus vite le cheval retrouvera du confort.
On évite au maximum de bouger le cheval pendant la phase aigüe, on le place dans un box confortable. Et si on se doit de le déplacer on essaye de limiter les mouvements (plâtrer peut-être une solution). Afin de soulager ses appuis, il est possible de l’équiper de talonnettes pour limiter l’effet « traction » exercée par le tendon fléchisseur profond. Toutes ces mises précautions doivent-être discutées avec le vétérinaire traitant l’animal.

En phase chronique, il est possible d’adapter une ferrure, cette dernière consiste à limiter la pression exercée au sein du pied. Pour cela, il est possible de mettre des fers en cœur, à l’envers ou encore de mettre des plaques. Le but de cette manœuvre est de limiter l’action du fléchisseur et de réduire la douleur.

On taille également fortement en pince dans le but de permettre d'éliminer les liquides ainsi que de diminuer la pression dans la boite cornée et spécifiquement exercée sur le bourrelet coronaire.

Certains compléments alimentaires peuvent aider le cheval dans sa récupération en favorisant la circulation normale du pied tels que :

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Les éléments essentiels concernant le cheval fourbu

Les éléments essentiels concernant le cheval atteint de fourbure sont :

  • Il s’agit d’une urgence médicale, il est donc conseillé d’appeler le vétérinaire si le cheval présente des symptômes.
  • Il est important d’étudier les causes de cette pathologie afin d’en éviter une répétition ou de mieux adapter l’environnement du cheval.
  • Limiter l’apport alimentaire en carbohydrates ou en azote.
  • La gestion de la ferrure est conseillée dans un second temps, une fois le cheval stabilisé.

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