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Harper & harper australien du cheval : causes et traitements
Le harper du cheval est une affection locomotrice qui se caractérise par une hyperflexion du postérieur, allant parfois jusqu’à toucher le ventre du cheval : on dit que le cheval « harpe ». Ces mouvements atypiques sont fréquemment associés à une amyotrophie des muscles des membres touchés, c’est à dire une diminution de leur volume. Dans les cas les plus sévères, le cheval ne parvient plus à se déplacer normalement et le fait en sautillant. Il existe deux formes de harper, le harper dit classique et le harper australien.
Le syndrome de harper du cheval
Le harper du cheval est une affection locomotrice qui provoque une flexion exagérée et involontaire d’un ou des deux postérieurs du cheval. Leur manifestation clinique est identique, ils se distinguent par leur origine. Il s’agit d’une maladie de type neurologique, dont le mécanisme exact reste à ce jour inconnu. Le cheval atteint de harper peut rencontrer plus ou moins de difficultés dans sa locomotion, en fonction du grade de harper dont il est atteint. Cela va d’une gêne légère, lorsque l’hyperflexion n’apparaît que lorsque le cheval recule ou est stressé, à un handicap majeur puisque certains chevaux n’arrivent plus à se déplacer qu’en sautillant et présentent des hyperflexions des postérieurs même au repos. Une classification existe, elle a été établie par HUNTINGTON & coll en 1989 :
- Grade I : L’hyperflexion apparaît uniquement lorsque le cheval recule, tourne ou est stressé.
- Grade II : L’hyperflexion est également visible au départ au pas ou au trot.
- Grade III : Une hyperflexion est observée au pas et au trot, en particulier lors des variations d’allure.
- Grade IV : Hyperflexion sévère, le ou les membres affectés touchent le ventre surtout lorsque le cheval tourne ou recule. Le cheval est incapable de trotter.
- Grade V : Hyperflexion prolongée lors de la mise en mouvement, qui se traduit par un déplacement sous forme de sautillement.
- Grade VI : Le cheval est incapable de se lever sans assistance.
Bien que la flexion exagérée des membres postérieurs soit la caractéristique la plus visible des chevaux atteints, le harper du cheval entraîne également d’autres conséquences. Les individus touchés présentent de manière quasi systématique une amyotrophie, c’est à dire une diminution du volume musculaire, au niveau des muscles extenseurs de la jambe dans un premier temps, puis des fléchisseurs. Cette amyotrophie peut être plus ou moins marquée, cela est généralement lié au grade de harper dont est atteint le cheval. Le harper peut également provoquer chez les chevaux une hémiplégie laryngée, plus communément appelée cornage. Cette atteinte produit un bruit respiratoire caractéristique lorsque le cheval réalise un effort. Le seul moyen de poser avec certitude le diagnostic de harper est de réaliser une électromyographie : il s’agit d’un examen qui permet de mesurer la fonction neuromusculaire en utilisant des courants électriques. Il est cependant très rarement utilisé en pratique.
Les deux types de harper du cheval
Il existe deux types de harper du cheval, le type classique et le harper australien, qui se distinguent par leur cause. Cliniquement, il est quasiment impossible de distinguer les deux types de harper car ils se manifestent de la même façon, même si le harper australien est plus fréquemment bilatéral que la forme classique, qui n’affecte généralement qu’un seul membre. La distinction est de type épidémiologique : la forme classique touche des individus de manière isolée, suite à un choc au niveau du membre, alors que la forme australienne affecte généralement plusieurs individus partageant la même pâture, et son apparition a été associée à l’ingestion d’une plante : la porcelle enracinée. Il a également été observé que si la forme classique se résout très rarement sans intervention chirurgicale, la forme australienne a elle tendance à régresser spontanément après l’élimination du contact avec la plante.
Le harper classique se développe suite à un traumatisme au niveau de la face dorsale du métatarsien (os du canon) du membre affecté, c’est la raison pour laquelle cette forme de harper du cheval est généralement unilatérale. Le harper peut se déclarer quelques jours, mois, voire années après le traumatisme. Il faut également noter que d’autres maladies peuvent provoquer une hyperflexion des postérieurs, et ne doivent pas être confondues avec le harper. C’est notamment le cas de l’arthrose du jarret, ou éparvin, qui peut dans certains cas modifier la démarche du cheval et évoquer un harper, mais la réalisation d’examens radiologiques et échographiques permet de mettre en évidence cette affection ostéo-articulaire et donc d’écarter l’hypothèse du harper.
Le harper australien du cheval n’est lui pas lié à un choc sur le membre mais à une intoxication: les différentes études réalisées ont mis en évidence un lien entre l’apparition de cette maladie et la consommation d’une plante appelée porcelle enracinée (Hypochoeris radicata), qui ressemble au pissenlit et possède des feuilles couvertes de poils.
Cette relation, identifiée depuis de nombreuses années, a été d’autant plus mise en évidence à l’été 2003 en France, lors de la canicule, où une recrudescence de cas de harper australien a été observée. En effet cette plante est généralement peu appréciée par les chevaux, qui ne la consomment pas tant qu’ils ont d’autres plantes à leur disposition dans la pâture. Mais lors de cet été particulièrement chaud, de nombreuses plantes n’ont pas survécu et les chevaux ont alors consommé la porcelle enracinée, qui résiste très bien à la sécheresse. Il est d’ailleurs intéressant de remarquer que si les chevaux sont en principe réticents à consommer la porcelle enracinée, celle-ci semble avoir un effet addictif qui les pousse à en manger de plus en plus une fois qu’ils y ont goûté. C’est pour cela que tous les chevaux d’une même pâture ne sont pas forcément atteints, certains étant plus réticents que d’autres à goûter la porcelle enracinée. Cependant, s’il existe un lien indéniable entre le harper australien et cette plante, le mécanisme de cette intoxication n’a pas encore pu être déterminé et une origine multifactorielle de la maladie n’est pas exclue.
Les facteurs aggravant le harper du cheval
L’inactivité est un élément néfaste aux chevaux souffrant de harper : suite à une période d’immobilité, comme par exemple une nuit passée au box, la mise en mouvement du cheval est très difficile et l’hyperflexion tend à se réguler après quelques foulées. Dans les cas les plus sévères le cheval est même incapable de marcher après être resté un moment sans bouger, et il lui faut effectuer quelques foulées en sautant avant de pouvoir se déplacer.
Certains mouvements déclenchent ou aggravent les mouvements d’hyperflexion de manière quasiment systématique chez les chevaux atteints de la maladie, on peut citer par exemple le reculer, les changements d’allures ou les virages brusques.
Les conditions climatiques jouent également sur les manifestations du harper du cheval : le froid et l’évolution sur un terrain boueux et profond ou à l’inverse sur un sol très dur ont tendance à intensifier la flexion des postérieurs.
Enfin, le stress provoque lui aussi une intensification du harper chez les chevaux atteints. Chez certains chevaux en cours de guérison, un épisode de stress peut même faire réapparaître une hyperflexion qu’ils ne présentaient plus.
Le traitement du harper du cheval
Le traitement du harper du cheval dépend tout d’abord de son type. En effet la guérison spontanée n’est que très rarement décrite chez des cas de harper classique, alors qu’elle est très fréquente pour le harper australien.
Chez un cheval souffrant de harper australien, l’élimination de la porcelle enracinée peut donc suffire à guérir le cheval. Cependant cette rémission spontanée peut prendre très longtemps, en moyenne de 6 à 18 mois. C’est pourquoi plusieurs traitements ont été étudiés pour permettre de réduire ce temps de guérison.
L’administration de phénytoïne (un antiépileptique) donne d’assez bons résultats pour soulager le cheval dans les cas graves, mais il ne permet pas de guérir le harper puisque celui-ci réapparaît dès l’arrêt du traitement. Les décontractants musculaires et tranquilisants ont également montré des effets positifs mais ne se prolongeant pas au-delà de l’arrêt du traitement. La complémentation en thiamine (vitamine B1), en antioxidants (vitamine E) ou encore en vitamine C est parfois utilisée mais les études effectuées ne semblent pas montrer de résultats significatifs sur la durée de l’affection.
Le seul traitement permettant de réduire véritablement le temps de guérison, et le seul traitement efficace dans la forme classique du harper du cheval, est le traitement chirurgical. Bien que son efficacité ne soit pas systématique, le taux de réussite est tout de même assez important puisqu’il se situe autour de 70% d’après ADAMS & FESSLER (2000). Le principe de la chirurgie est assez simple : il s’agit d’une ténectomie de l’extenseur latéral des phalanges du ou des membres atteints. C’est à dire que le chirurgien sectionne ce tendon au dessus et en dessous du jarret, afin de l’exciser. Dans certains cas le chirurgien réalise même une myoténectomie, faisant également l’ablation d’une petite partie du muscle extenseur latéral du doigt. Cette chirurgie peut être pratiquée chez le cheval debout à l’aide d’une sédation et d’une anesthésie locale, ou sous anesthésie générale. L’amélioration de la démarche suite à la chirurgie n’est pas immédiate, elle a lieu quelques jours voir quelques semaines plus tard.
Le harper du cheval est donc une maladie dont la guérison est souvent très longue. Ses mécanismes exacts sont encore peu connus, et les traitements, à part le traitement chirurgical, ne permettent pas d’accélérer la guérison. Il est donc intéressant d’essayer de prévenir son apparition : la forme australienne étant la plus fréquente, il est conseillé de surveiller la présence de porcelle enracinée dans les pâtures, en particulier après les périodes de sécheresse.