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Hémorragie pulmonaire chez le cheval : causes et traitements

L’hémorragie pulmonaire chez le cheval, souvent connue sur le nom d’hémorragie pulmonaire induite à l’effort (HPIE) est une pathologie du cheval athlète. Nous traiterons ici de la physiopathologie et du diagnostic de cette maladie. Tout d’abord il convient de définir ce qu’est une hémorragie : c’est une effusion de sang en dehors de son compartiment vasculaire. Dans le cas de l’hémorragie pulmonaire chez le cheval, ce sont les capillaires alvéolaires qui sont à l’origine de ce phénomène. On pourra observer des symptômes tels que des écoulements sanguinolents après l’effort, souvent légers et pouvant être associés à une baisse de performance. Il est important de pouvoir identifier cette atteinte pour la diagnostiquer au mieux.

Quelques bases de physiologie cardio-respiratoire chez le cheval

En conditions physiologiques normales

Le cheval est un animal de grande taille. Il est adapté à sa morphologie et aussi à son activité. Pour cela on retrouve chez cette espèce une grande cage thoracique protégeant les poumons. La capacité respiratoire de cette espèce est importante. Une respiration assez lente de l’ordre de 20 mouvements par minute et sans mouvements respiratoires remarquables. Il est assez inhabituel d’observer une dilatation des naseaux ou encore des contractions abdominales lors de la respiration chez le cheval au repos, il se peut que ce soit pathologique si cela devient visible.

Le cœur du cheval est également adapté, sa fréquence cardiaque étant en moyenne de 40 battements par minute. Il est composé de quatre compartiments, il envoie le sang dans la circulation, et une partie du sang non oxygénée est envoyée aux poumons. La partie oxygénée revient au cœur et est envoyée aux tissus. Les deux cavités gauches sont en charge du sang oxygéné (en rouge sur le schéma) et les deux droites en charge du sang non oxygéné (en bleu sur le schéma).

L’appareil respiratoire est intimement lié à l’appareil cardiaque dont la fonction primaire est d’apporter du sang oxygéné aux différents organes. Pour se faire, en parallèle des battements cardiaques, l’air est inspiré. Il passe dans les sinus, puis dans la trachée, dans les bronches et bronchioles pour arriver dans les alvéoles pulmonaires. L’air présent dans les alvéoles pulmonaires à la fin de l’arbre bronchique va être au contact de capillaires sanguins. C’est un lieu d’échanges gazeux importants puisque que c’est ici que le dioxygène est transmis au sang et que le dioxyde de carbone est transmis aux alvéoles pour ensuite être expiré. C’est cet échange gazeux qui est très important dans le bon fonctionnement de l’organisme.

Lors de l’effort, une augmentation de la fréquence cardiaque et respiratoire est physiologique et normale. Elles permettent d’apporter les nutriments et l’oxygène aux tissus. Chez les chevaux souffrant d’hémorragie pulmonaire, ce sont les capillaires à proximité des alvéoles qui perdent leur étanchéité lors d’efforts importants. Les causes sont détaillées plus bas.

En conditions anormales

De nombreux mécanismes à l’origine de l’hémorragie pulmonaire chez le cheval ont été mis en évidence. On retrouve parmi eux : l’obstruction des voies respiratoires hautes, un diamètre trop faible des petites voies respiratoires (ie les bronchioles, alvéoles...), l’hyperviscosité du sang lors de l’effort, des fluctuations de pression dans les alvéoles ou encore un stress mécanique dû à la locomotion. Notons également que l’inflammation des petites voies respiratoires (Asthme équin) peut favoriser l’apparition d’extravasions sanguines.

Une étude a mis en évidence que la circulation pulmonaire plutôt que la circulation bronchique était incriminée. Ainsi que les fortes pressions intraveineuses et le fort débit cardiaque (300 litres par minute !) pouvaient jouer un rôle non négligeable dans ce phénomène.

Cela prouve une fois de plus la forte corrélation entre le cœur et les poumons. Ce système cardiovasculaire travaille à une fonction commune : le transport d’un sang oxygéné vers les tissus.

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Les populations à risque et les symptômes de l'hémorragie pulmonaire chez le cheval

Les hémorragies pulmonaires induites à l’effort (HPIE) sont des atteintes du cheval sportif. On retrouve des hémorragies pulmonaires chez les chevaux de courses et de concours. En effet ces chevaux sont plus sujets à des conditions favorisantes. Comme vu ci-dessus, les hypothèses de ces hémorragies sont multiples et favorisées par une hypertension, un fort débit vasculaire, une pression en gaz trop importante mais aussi une viscosité sanguine trop élevée. Les chevaux athlètes adaptent leur organisme à l’effort fourni. Pour cela, l’appareil cardio-vasculaire est très fortement sollicité. On observera une augmentation de la fréquence cardiaque et respiratoire, c’est ce qui engendrera les modifications physiologiques à l’origine des anomalies pulmonaires chez certains individus.

 Il arrive qu’une épistaxis (saignement de nez chez le cheval) soit observée après un effort conséquent, cependant cela est assez frustre et peu observé. On retrouvera plus couramment des intolérances à l’effort ou des baisses de performance.

Les méthodes d’investigation de l’hémorragie pulmonaire chez le cheval

Il existe de nombreuses méthodes de diagnostic, cependant deux sont très répandues et couramment utilisées sur le terrain. Parmi elles on retrouve :

  • Le lavage broncho alvéolaire = LBA : Il consiste à envoyer une quantité donnée d’eau dans l’appareil bronchique et de récupérer cette quantité dans des seringues. On en évalue la couleur et l’aspect. Puis on envoie ensuite au laboratoire des tubes pour analyse. Lors d’une hémorragie pulmonaire chez le cheval, on recherche des hémosidérophages, qui sont des cellules capables de « manger » les globules rouges. C’est actuellement la méthode de choix dans le diagnostic de hémorragies mais également des autres pathologies pulmonaires. Notamment les infections bactériennes des voies basses et l’asthme équin (communément appelé emphysème).
  • L’endoscopie : Il peut convenir de faire une endoscopie après l’effort chez les chevaux suspectés souffrir d’hémorragies. Cet examen peut-être très utile dans le diagnostic différentiel des épistaxis (saignement de nez). Cela permet de faire la différence entre des saignements hauts comme : un hématome de l’éthmoïde ou une mycose des poches gutturales (cela est une urgence vitale en raison de la présence de l’artère carotide commune qui peut se rompre et entraîner la mort de l’animal).

Il est possible aussi de réaliser une aspiration trans-trachéale pour mettre en évidence des hémosidérophages. Cependant cette technique est peu utilisée, les deux précédemment citées sont bien plus courantes et répandues.

Les traitements de l’hémorragie pulmonaire chez le cheval

À l’heure actuelle, peu de solutions précises sont proposées. Dans la mesure où certains traitements ne sont pas permis pour des animaux en compétitions, il est donc difficile de trouver une pharmacologie adaptée.  Cependant des traitements ont été proposés, parmi eux :

  • Diurétiques : Le furosémide est une molécule diurétique (qui favorise l’élimination de l’eau), elle est utilisée dans le but de diminuer la pression intravasculaire par réduction du volume vasculaire. Pression mise en cause lors d’hémorragies pulmonaires chez le cheval. Ce traitement est interdit en France car considéré comme dopant.
  • Dilatateurs nasaux : Cela permet de diminuer les résistances à l’air et limite la pression intra-alvéolaire. Il est possible d’utiliser le Flair Nasal Strip.

On imagine assez aisément le rôle que pourraient avoir des molécules bronchodilatatrices ou vasodilatatrices. Dont le but est de dilater bronches et vaisseaux, diminuant ainsi les contraintes mécaniques et la pression à l’intérieur des cavités. Ces molécules limiteraient la pression au niveau alvéolaire et favoriseraient les échanges. Il faut néanmoins garder à l’esprit que le traitement ne peut être mise en place que s’il n’y a pas d’interaction avec la performance.

Le pronostic sportif est donc limité chez les chevaux souffrant de cette pathologie notamment à cause du manque de recul et de traitements disponibles. La marge de manœuvre thérapeutique est faible. Une fois diagnostiquée, l’avenir sportif du cheval est donc limité…

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Le diagnostic différentiel 

Les HPIE peuvent avoir des symptômes coïncidents avec des hématomes de l’ethmoïde ou encore des mycoses de poches gutturales. Les saignements de nez chez le cheval lors de mycoses peuvent être dramatiques, il faut donc surveiller l’évolution de l’épistaxis. Concernant les baisses de performances, on peut y retrouver des maladies parasitaires telles que la piroplasmose ou l’ehrlichiose. Mais aussi des problèmes d’ordre locomoteur. Les examens cliniques complémentaires pourront permettre de conclure.

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