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Les défauts d’aplomb du cheval : comprendre

La conformation est un élément clé à prendre en compte pour l’avenir sportif du cheval. On recherche toujours à avoir un cheval équilibré dans la morphologie et adapté à son activité. Cependant on retrouve assez régulièrement des chevaux avec des défauts, plus ou moins importants, pouvant aller jusqu’à des troubles fonctionnels. Nous allons ici détailler la morphologie « idéale » et les principaux défauts d'aplomb du cheval.

Le cheval idéal : « l’homme de Vitruve » des équidés

Un peu d’anatomie… Le cheval est un quadrupède, il possède un axe vertébral horizontal à partir duquel on retrouve les membres antérieurs « dissociés » de la colonne et des membres postérieurs articulés via le bassin. Le cheval porte 60 pourcents de son poids sur les membres antérieurs et seulement 40 pourcents sur les membres pelviens. Néanmoins les membres pelviens sont très actifs dans la locomotion.

L’aplomb correspond à la position des membres au repos dans différents plans et sur les différentes régions du corps.

Les aplombs correspondent aux positions des rayons osseux les uns par rapport aux autres. Le cheval a été défini comme pouvant s’inscrire dans un carré. On objective les aplombs en regardant le cheval à l’arrêt, dans sa position physiologique et selon différents points de vue. De face, de profil et dans un plan horizontal.

Analyse des membres antérieurs

De face, le cheval doit avoir les rayons osseux alignés. De la pointe de l’épaule jusqu’au bout du pied et sépare le membre en deux parties équilibrées. De manière physiologique, le genou et le boulet sont en légère rotation interne (valgus). Ajoutons que le cheval est naturellement panard et ce de manière très discrète.

Le cheval ci-dessous présente un aplomb anormal. Son pied a tendance à revenir vers l’intérieur. Et ses boulets sont en varus (défini plus loin).

De profil, l’alignement parfait se fait entre le bras et le canon. Le boulet se trouve légèrement en arrière. Le paturon et le pied doivent être alignés sur une même verticale. L’intersection des deux droites donne un angle « sol-pied » de 45 à 50° et celui « canon-pied » 130 à 135°.

Analyse des membres postérieurs

De dos, on trace une verticale passant par la pointe de la fesse, la pointe du jarret et le milieu du canon. Comme pour les antérieurs, le membre est divisé en deux parties globalement identiques. Cependant on retrouve une déviation physiologique du membre postérieur vers l’extérieur. Notons que le cheval est légèrement panard naturellement.

De profil, on établit une verticale passant par la pointe de la fesse, la point du jarret et longeant les tendons du canon. Le paturon et pied sont alignés, l’angle « sol-pied » est de 50 à 55° et celui « pied-canon » de 125 à 130°.

Le cheval ci-dessous présente un bon alignement des membres en vue de profil, il tente à s’inscrire dans ce que nous recherchons.

Analyse du pied

Le pied est également inspecté de profil mais aussi de face et de derrière.

De face et de derrière, la droite passant par le paturon et le pied doit être perpendiculaire au sol (lignes jaunes). La pince (cercle rouge sur le schéma) doit être dirigée en avant, les parois (étoiles vertes) doivent êtres de taille identiques.

De profil, Les lignes passant par la muraille dorsale (trait rouge), la troisième phalange (trait jaune) et la muraille palmaire (trait vert) doivent être parallèles.

Les différents défauts d’aplomb du cheval

L’évaluation des aplombs se fait sur un cheval tenu au licol sur un sol dur et horizontal. L’aplomb du cheval est important à l’état statique ou dynamique. Toute variation dans la conformation du cheval peut être à l’origine d’anomalies locomotrices. On retrouve un centre de gravité (représenté par une étoile bleue sur la photographie ci-dessous) assez antérieur chez le cheval. La conformation permet une bonne répartition des forces et pressions sur les articulations, tendons et masses musculaires. Et encore plus lors du déplacement.

Quels sont les défauts les plus souvent rencontrés chez le cheval ?

Nous allons parler des déviations angulaires et rotatoires.

  • La déviation angulaire correspond à un défaut d’alignement des rayons osseux.
  • La déviation rotatoire correspond à une rotation autour d’un axe d’une partie ou de l’ensemble du membre.

Les déviations angulaires 

On retrouve deux types de déviations principales : le valgus et le varus.

Le valgus correspond à une déviation vers l’extérieur tandis que le varus correspond à une déviation vers l’intérieur d’un segment du membre par rapport au segment supérieur.

Il est ensuite important de prendre en compte la localisation de la déviation. On retrouve des varus et valgus des carpes et jarrets. Mais aussi des boulets et des articulations inter-phalangiennes proximales (entre P1 et P2).

Ce sont des affections assez fréquentes notamment chez les poulains, elles touchent principalement le carpe puis le boulet et ensuite le jarret. Elles peuvent être source d’ostéochondrose.

Elles sont congénitales (présentes à la naissance mais non génétiques) ou acquises (plus tardivement donc).

Les causes congénitales peuvent être liées à des défauts de croissance au niveau des centres d’ossification présents aux extrémités des os et dans l’os sous chondral (sous l’articulation). Mais parfois aussi liées à un problème de laxité ligamentaire ou un squelette présentant des anomalies de base.

Concernant les déviations acquises, elles peuvent être hormonales, alimentaires, génétiques ou mécaniques.

Si leur apparition se fait pendant la croissance elle peut avoir comme origine un traumatisme (fracture ou écrasement) de la plaque de croissance ou une surcharge.

Les déviations rotatoires

Ce sont des déviations dont l’impact est considéré comme moindre sur la conformation générale du cheval.

On retrouve : le cheval cagneux, conséquence d’une rotation interne de la pointe du pied et le cheval panard, conséquence d’une rotation externe de la pointe du pied. Cependant un cheval peut être cagneux ou panard du jarret, du carpe ou encore de l’épaule.

Il y a des associations inévitables de déviation, parmi elles :

  • Varus et aplomb cagneux
  • Valgus et aplomb panard

Quelles sont les principales conséquences d’un mauvais aplomb ?

On imagine assez aisément qu’un cheval présentant des défauts d’aplomb verra à un moment ou l’autre, une augmentation des contraintes physiques liées à l’anomalie de conformation.

Tout d’abord, nous observerons des anomalies mécaniques. Une charge inégalement répartie sur le pied peut induire une usure non homogène entre les parois médiales et latérales. Ce qui entraine de fait, une augmentation des contraintes et une pousse de pied irrégulière.  On retrouve aussi des trajectoires caractéristiques.

  • Chez le cheval panard, la trajectoire du pied est la suivante : membre opposé, léger contact puis départ vers l’extérieur. On observe donc un demi-cercle interne du membre.
  • Chez le cheval cagneux, la trajectoire est inverse, on parle de cheval qui « billarde ». La trajectoire est la suivante : extérieur, avant et membre opposé. On observe un demi-cercle externe.

On note ensuite l’apparition d’anomalies lésionnelles. Parmi elles, de l’ostéochondrose (kystes et OCD), de l’ostéo-arthrose, des molettes et des tares dures (suros, éparvins).

Ces lésions sont induites par les défauts de pression, accentués lors de l’effort mais aussi par des chocs. On peut donc être amené à mettre des protections plus conséquentes aux chevaux ayant des gros défauts d’aplombs dont la locomotion s’en trouve altérée.

Il n’existe pas de remède miracle à ces atteintes. Cependant, l’aide d’une bonne ferrure, compensant les irrégularités d’usure et favorisant un départ de pied correct peuvent améliorer la locomotion.

Concernant les déviations angulaires des plus jeunes, il existe des moyens chirurgicaux pour favoriser la bonne croissance et limiter le développement des défauts. La physiothérapie y trouve également de plus en plus sa place.     

                                                                            

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