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Maréchal-Ferrant : son rôle dans la santé de votre cheval

Raphaël Giret, maréchal-ferrant en Normandie, s'associe à cheval-energy.com pour vous aider à mieux comprendre la ferrure du cheval et les progrès récents dans ce domaine. La ferrure doit être adaptée à leur morphologie, leurs besoins et leur utilisation. Si elle joue un rôle de confort, elle peut également venir corriger des défauts d’aplomb ou aider à soigner certaines pathologies. C’est le rôle du maréchal-ferrant, parfois en partenariat avec le vétérinaire, de définir le ferrage et le parage les plus adaptés à votre cheval.

Si certains chevaux seront mieux pieds nus et n’ont pas besoin d’être ferrés, d’autres seront plus à l’aise avec des fers. Le sujet fait débat et nous ne l’aborderons pas ici. Il est important de retenir que la domestication a modifié la solidité des pieds et que selon le travail demandé et le sol sur lequel évolue le cheval, la ferrure peut lui apporter le confort nécessaire. Elle va alléger les contraintes ostéo-articulaires du cheval qui présente un défaut d’aplomb ou qui pratique une activité intense, mais aussi diminuer les risques de lésion de la boite cornée d’un cheval qui évolue sur des sols rocailleux par exemple.

Le choix d'une ferrure adaptée par le maréchal-ferrant

Pour qu’une ferrure soit réussie, elle doit être parfaitement adaptée au cheval. C’est en effet le fer qui s’adapte au pied et non l’inverse. Pour cela, le maréchal-ferrant va déterminer quelle est celle qui convient le mieux au cheval selon plusieurs critères comme la race, l’âge du cheval, ses aplombs à l’arrêt et en mouvement et l’environnement dans lequel il vit. Le type de travail demandé au cheval et les sols sur lesquels il va évoluer seront également déterminants dans le choix des fers. Un cheval de CSO par exemple, n’aura pas les mêmes besoins qu’un cheval de reining.

Les différentes ferrures peuvent être complétées par des accessoires comme des plaques ou du silicone qui joueront un rôle d’amortissement et de protection, ou encore par des systèmes qui empêchent la neige de s’accumuler sous les sabots.

La fixation des fers par le maréchal-ferrant

Les fers sont le plus souvent cloués à l’aide de pointes que le maréchal enfonce dans les étampures du fer et qui viennent se loger dans la paroi du sabot. Mais ils peuvent également être collés. Cette pratique, assez répandue dans les courses mais moins courante dans les autres disciplines, peut être utile lorsque la paroi du sabot est très fine ou que le cheval a une certaine sensibilité. Elle évite en effet que le pied ne soit serré dans les clous. Toutefois le coût est nettement plus important et ce type de pose est plus compliqué à réaliser, notamment parce que la colle réagit aux températures. Elle va être plus longue à prendre en hiver avec le froid, et sécher presque trop vite en été avec la chaleur. Là aussi c’est le maréchal-ferrant qui peut préconiser cela s’il juge cela plus adapté aux pieds de votre cheval.

Des clous antibactériens

Pour les chevaux dont les parois sont sensibles ou de mauvaise qualité, il existe des clous avec revêtement en cuivre, naturellement antibactérien. Ils pourront être utilisés dans le cas de fourmilière par exemple.

À quelle fréquence renouveler la ferrure par le maréchal-ferrant ?

L’usure du fer et la pousse du sabot vont déterminer le moment où il est nécessaire de renouveler la ferrure. Cette opération doit généralement être effectuée toutes les 6 à 8 semaines. Il arrive que le cheval ait très peu usé ses fers mais que la corne ait bien repoussé, le maréchal peut alors parer puis remettre les fers usagés. 

Le cas du cheval qui déferre

Que ce soit au travail parce qu’ils se méjugent ou au paddock parce qu’ils se défoulent, certains chevaux sont des spécialistes pour se déferrer. Il est alors conseillé, pour limiter ce risque d’une part, et éviter les blessures aux glomes d’autres part de leur mettre une paire de cloches. Si le cheval déferre en concours, pas de panique, un maréchal ferrant de garde est prévu pour pouvoir remettre le fer.

Le rôle des pinçons

Les pinçons servent à maintenir le fer en place mais ont également un rôle d’accroche. Ils étaient utilisés à l’origine pour aider les chevaux à tracter. Aujourd’hui on ferre généralement les chevaux avec un pinçon unique aux antérieurs et deux aux postérieurs pour éviter les risques de blessure. De plus, le fait de mettre deux pinçons favorise le rolling, c’est à dire le roulement dont le pied à besoin lors de la propulsion pour limiter l’impact sur les tendons. En effet avec deux pinçons le maréchal peut reculer plus le fer ce qui facilite cette action. Selon les besoins du cheval, le maréchal peut donc mettre deux pinçons également aux antérieurs. On dit par ailleurs qu’un pinçon vaut deux clous. Aussi une ferrure à deux pinçons est adaptée pour des chevaux dont la paroi est fragile.

Les mortaises

Si votre cheval est amené à concourir sur un terrain en herbe, le maréchal va alors mortaiser les fers. Concrètement, il va percer deux trous filetés sur l’éponge du fer dans lequel vous pourrez, le moment donné, visser des crampons. Ceux-ci éviteront au cheval de glisser. Généralement en acier tungstène, ils sont de forme et de taille multiples que l’on sélectionnera selon la nature du terrain. Ils sont souvent vendus en mallette ce qui permet de disposer de tout le matériel nécessaire pour cramponner.  

Ferrure en acier ou en aluminium ?

Les principaux matériaux utilisés pour les fers sont l’acier doux et l’aluminium mais il existe également des associations de matériaux comme par exemple des fers sur lesquels l’armature en acier est recouverte de caoutchouc. Les fers aciers sont généralement utilisés pour les chevaux de loisir ou de club qui ne souffrent pas de pathologie particulière. Plus lourds que les ferrures en aluminium, ils sont aussi plus résistants. On parle en effet de la règle de trois pour évoquer les fers en aluminium : ils sont trois fois plus légers mais aussi trois fois moins résistants et trois fois plus chers que les fers en acier. Leur avantage réside principalement dans leur légèreté qui est aujourd’hui une caractéristique que l’on recherche le plus possible, surtout chez les chevaux de sport.

Ferrer pour soigner ou prévenir les pathologies locomotrices 

Les défectuosités du pied, qu’elles soient acquises ou héréditaires, sont nombreuses. Il peut s’agir de défaut de volume, de défaut de conformation, de défaut d’aplomb, de défaut de qualité de corne, et elles nécessitent alors des ferrures spéciales. De même, la ferrure joue un rôle important dans les soins des affections des pieds ou des sabots mais aussi pour certaines pathologies tendineuses ou ligamentaires.

Le cheval naviculaire

Des ferrures orthopédiques sont généralement utilisées pour les chevaux naviculaires. Le vétérinaire et le maréchal ferrant travaillent main dans la main pour proposer une ferrure adaptée à cette pathologie. L’objectif est de fluidifier le mouvement du cheval et de limiter la pression exercée sur l’os naviculaire par le fléchisseur profond. Le parage et la ferrure d’un cheval naviculaire visent à faciliter le basculement du pied. Il aura généralement une ferrure spéciale, comme des egg bar shoes (des fers en forme d’œuf), des fers à l’envers, des fers à oignon, qui va favoriser le rolling et apporter du soutien aux talons. Une talonnette peut également être mise pour soulager le cheval.

Les bleimes

Le maréchal-ferrant avec le parage de la corne au niveau de la bleime et en aillant recours à un fer à plaque si besoin peut soulager le cheval qui a une bleime.

Soulager un cheval fourbu

La fourbure est très douloureuse pour le cheval. Le vétérinaire prescrira souvent des anti douleurs et anti inflammatoire mais le maréchal-ferrant peut également contribuer à soulager le cheval en limitant les pressions exercées sur la sole grâce à des fers à l’envers ou demi couvert par exemple.

L’importance du ferrage pour prévenir ou soigner les tendinites

La ferrure joue également un rôle pour soulager et prévenir des pathologies comme les tendinites. Dans le cas de tendinite du suspenseur du boulet, on va mettre une ferrure orthopédique qui va soutenir la pince et favoriser l’enfoncement du talon grâce à des éponges moins larges que la pince. À contrario, si le cheval souffre d’une tendinite du perforant, le maréchal va chercher à favoriser la bascule vers l’avant grâce au biseau par exemple, ou en mettant le même type de ferrure que sur un cheval naviculaire.

Et en complément de la visite du maréchal-ferrant ?

Si la ferrure est très importante, pour le bien-être et les performances, il est également indispensable de prodiguer des soins attentifs aux pieds des chevaux. Outre les soins traditionnels aux sabots, il existe des produits efficaces pour soulager les chevaux qui souffrent de douleurs aux pieds, en raison de la maladie naviculaire, de fourbure, mais aussi de maladie de la ligne blanche, de bleime… Il peut également être intéressant de faire des cures de biotine au cheval. Celle-ci favorise la pousse de la corne et donne de la souplesse et plus de solidité aux pieds.

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