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Mélanome chez le cheval : causes et traitements

Le mélanome chez le cheval est une tumeur des mélanocytes. Ces cellules productrices de mélanine se trouvent principalement dans la peau et les muqueuses. Le mélanome est une lésion fréquente chez le cheval, qui peut apparaître quels que soient l’âge, le sexe ou encore la couleur de robe, bien que les chevaux gris et âgés soient les plus atteints : on estime que près de 80% des chevaux gris de plus de 15 ans présentent au moins un mélanome.

Reconnaître un mélanome chez le cheval 

L’élément le plus caractéristique du mélanome, outre sa présence très fréquente chez les chevaux gris, est sa localisation sur le corps. Les localisations classiques incluent le dessous de la queue, les organes génitaux externes, la zone péri-anale et périnéale et dans une moindre mesure la tête et les membres. Les localisations atypiques comme la tête et les membres sont généralement décrites chez les jeunes chevaux, et ne correspondent donc pas au mélanome classique du cheval d'âge. Les mélanomes prennent l’aspect de nodules durs et lisses, de couleur foncée, même si d’autres présentations sont possibles. Leur taille est très variable : elle peut aller de quelques millimètres à plusieurs dizaines de centimètres de diamètre. Ils peuvent apparaître de manière isolée ou multiple.

Les risques du mélanome chez le cheval 

Le mélanome commence dans 95% des cas par une tumeur bénigne, qui peut par la suite évoluer de différentes façons. 66% deviennent malignes avec le temps. Le mélanome peut présenter une croissance lente, s’étalant sur plusieurs années sans présenter de métastases, ou encore une croissance lente suivie d’une croissance rapide avec une transformation maligne, ou enfin plus rarement une croissance d’emblée rapide et maligne. Les métastases se développent au niveau du système lymphatique, des vaisseaux sanguins, de la rate, du foie, du mésentère, de l’omentum ou encore des muscles et des os. Lorsque des métastases se développent, les ganglions autour du mélanome responsable présentent donc une taille augmentée.

Les types de mélanome chez le cheval

Les mélanomes chez le cheval peuvent être classée en trois catégories, selon leurs caractéristiques et leur potentiel de malignité :

  • Les mélanocytomes, ou naevi mélaniques sont des tumeurs localisées dans le derme superficiel, qui affectent généralement les jeunes chevaux dans des localisations atypiques. Ils sont très souvent bénins et n’évoluent pas dans le temps.
  • Les mélanomes dermiques se situent de manière plus profonde dans le derme, il s’agit du mélanome classique du cheval gris et âgé. Il se trouve donc dans les localisations typiques du mélanome. S'ils sont la plupart du temps bénins, une évolution vers la malignité et la formations de métastases est possible et doit être prise en compte. Les mélanomes dermiques, s’ils sont proches, peuvent aussi confluer pour former une plaque appelée mélanomatose cutanée.
  • Le mélanome malin anaplasique est une forme très agressive qui métastase de façon systématique. Elle est heureusement rare et affecte principalement des chevaux âgés de plus de 20 ans, sans distinction de robe.

Les symptômes du mélanome chez le cheval 

Les signes cliniques du mélanome chez le cheval varient selon la localisation et l’importance des métastases, ils sont assez peu spécifiques. Les métastases peuvent causer une compression de la moelle épinière à l’origine de signes nerveux comme une ataxie, ou encore une incontinence urinaire ou fécale. Il peut également se produire une déficience du drainage lymphatique provocant des accumulations anormales de fluides. Même en l’absence de métastases, la localisation des mélanomes peut provoquer des troubles de la défécation surtout si ils sont de grande taille et obstruent l’anus du cheval.

Les causes d’apparition des mélanomes chez le cheval

Les mélanomes sont particulièrement fréquents chez les chevaux gris, c’est pourquoi les races où cette robe est commune, comme le pur sang arabe, le camarguais, le percheron ou le lipizzan semblent être plus atteintes que les autres. Il existe une cause génétique associée à la robe grise. L’apparition des mélanomes semble également liée à la dépigmentation, par exemple sur de petites zones cicatricielles liées aux piqûres d’insectes.

Le mélanocyte est une cellule qui a pour fonction la production de mélanine, une substance responsable de la pigmentation cutanée et essentielle pour la photoprotection. Ces cellules sont renouvelées très régulièrement grâce à des cellules souches, et ce mécanisme est strictement contrôlé par différents facteurs. En cas de défaillance du système de régulation, il peut se produire des multiplications cellulaires incontrôlées formant alors une tumeur appelée mélanome. L’initiation de ce processus serait la conséquence d’un contact répété avec une substance carcinogène, provocant une modification irréversible de l’ADN des cellules atteintes. Contrairement à l’homme, l’exposition aux UV n’est pas un élément favorisant l’apparition de mélanomes chez le cheval : en effet ceux-ci se développent en priorité dans des zones peu exposées au soleil telles que le dessous de la queue ou encore la zone péri-anale.

Un diagnostic principalement clinique

Le diagnostic de mélanome s’effectue principalement par un examen clinique du cheval. En effet l’aspect, la localisation des lésions et les caractéristiques du patient (cheval gris et âgé) sont assez évocatrices. En cas de doute, il est nécessaire de réaliser une biopsie et une étude histologique. Cependant, celle-ci ne permet pas toujours d’évaluer avec certitude la malignité clinique d’une lésion et donc de prédire les risques de métastases. D’autres méthodes de diagnostic sont étudiées, notamment des marqueurs sérologiques ou encore génétiques, mais ne sont pas encore utilisés en pratique.

Les traitements possibles des mélanomes chez le cheval

Les traitements classiques du mélanome chez le cheval

Les mélanomes stables, en particulier les mélanocytomes dont la localisation ne gène pas le cheval ne requièrent pas de traitement, et une simple surveillance est recommandée. Les autres types de mélanomes présentent un risque d’évolution, et lorsque le traitement est nécessaire, la chirurgie est l’option de choix, associée ou non à de la chimiothérapie intra lésionnelle. Les injections de cisplatine ou de mitomycine C ne montrent cependant que peu d’efficacité. La chirurgie est conseillée pour les mélanomes isolés avec une suspicion de malignité. Elle peut être réalisée au scalpel ou au laser CO2, ou encore en associant les deux, le laser s’utilisant pour traiter le lit de la plaie après une ablation au scalpel. Le laser CO2 permet de détruire les cellules par la chaleur en atteignant une température de 95°C. Il est efficace sur tous les types de mélanomes, et permet de réduire les risques de récidive à moins de 20%. Il faut cependant noter que les mélanomatoses et les mélanomes malins anaplasiques peuvent être difficiles à exciser entièrement ou à traiter par chimiothérapie, et les récidives restent donc relativement fréquentes.

Il est également possible de supplémenter le cheval en cimétidine : ce médicament est un anti-acide oral qui s’utilise pour le traitement des ulcères gastriques, et qui est parfois administré dans le but de limiter l’évolution des mélanomes chez le cheval voire de les faire régresser, mais son efficacité est très discutée.

L’immunothérapie, une piste pour l’avenir ?

Les résultats de ces différentes méthodes peuvent sembler décevants car leur succès est difficilement prévisible et les récidives restent relativement fréquentes, c’est pourquoi l’immunothérapie apparaît désormais comme le traitement d’avenir pour cette pathologie, même si elle n’en est encore qu’à ses débuts chez le cheval. Il existe plusieurs techniques, dont l’une s’inspire d’un traitement déjà utilisé avec succès chez le chien. Elle consiste à réduire chirurgicalement la taille du mélanome, avant d’y injecter un marqueur qui permet à l’organisme de différencier les cellules cancéreuses des cellules saines afin de les cibler efficacement. Ces méthodes montrent des premiers résultats très prometteurs.

Maintenir le confort du cheval atteint de mélanome

Dans tous les cas, les soins locaux ne doivent pas être négligés car s’ils ne permettent pas de guérir le cheval de ses mélanomes, ils sont en revanche essentiels pour maintenir son confort de vie et prévenir certaines complications. Ils sont particulièrement indiqués dans les cas où les mélanomes sont ulcérés. Cela se produit typiquement chez le cheval atteint de mélanome dans la région caudale, et qui se gratte par exemple en raison d’une dermite estivale. Il est alors important de désinfecter régulièrement la zone affectée, et de mettre en œuvre en parallèle des mesures visant à réduire les démangeaisons causées par la dermite. On peut ainsi utiliser des produits qui soulagent les démangeaisons comme le Dermit-Stop de Greenpex, des répulsifs comme le Tri-Tec 14 de Farnam ou encore des couvertures anti-insectes comme par exemple la chemise anti-mouche Amigo 3 en 1 Vamoose Horseware. Si le cheval rencontre des difficultés au moment de la défécation, il peut être intéressant de ramollir ses crottins grâce à des compléments alimentaires comme le son ou l’huile de lin par exemple.

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