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Mors chevaux & embouchures : pour aller plus loin (2/2)
PARTIE 2 : Pour aller plus loin au sujet des mors chevaux
Un peu d’histoire concernant les mors chevaux
Nous avions prévu de vous faire un petit topo sur l’histoire et l’origine des mors. Mais l’un de vous nous a écrit il y a peu en réaction au volet 1 de ce dossier, où nous mentionnions en introduction les premiers mors pour chevaux en 1 800 ans avant J.C, en attirant notre attention sur les découvertes archéologiques les plus récentes – et totalement fascinantes – que nous avons décidé de partager avec vous ! Merci à CHUIT, qui réside en Suisse, d’avoir partagé ça avec nous !
Ainsi donc, alors qu’il était couramment admis jusque récemment que les premiers mors pour chevaux dataient de 1 800 ans avant J.C, des travaux archéologiques récents font maintenant remonter les premiers soins dentaires et mors pour équidés à 3 000 ans avant J.C, il y a donc 5 000 ans !
L’archéologue William Taylor et son équipe de l’Institut Max Planck pour la science et l’histoire humaine ont démontré, grâce à des analyses de crânes de chevaux issus de tombeaux des steppes mongoles que des soins dentaires avaient été pratiqués sur des chevaux dès 3 000 ans avant J.C. Ces dernières découvertes laissent en effet entrevoir que l’invention des soins dentaires a permis aux peuples nomades des steppes mongoles de commencer à se déplacer sur de longues distances sur des montures saines et que cette invention des soins dentaires équins a été – malheureusement – principalement motivée par le besoin de mieux diriger et contrôler les chevaux pour le combat militaire, et également pour se garantir des chevaux en bonne condition lors de conquêtes lointaines… Ces nomades des steppes de Mongolie ont ainsi domestiqué les chevaux des centaines d’années avant les célèbres conquêtes de Gengis Khan.
Sur la base de squelettes du site de Bor Shoroonii Am, les archéologues ont découvert que vers la première moitié du 1er siècle avant J.C. les éleveurs mongoles évulsaient les dents de loup de leurs jeunes chevaux afin de leur éviter des lésions dues aux embouchures. « L’apparition des embouchures en métal a été une chose parmi d’autres pour passer d’une équitation d’éleveur à une équitation militaire. L’embouchure en métal permet un bien meilleur contrôle du cheval lors situations de stress » écrit William Taylor.
D’abord droit et fait d’os et de bois de rennes, puis de cuivre, les mors pour chevaux évoluent ensuite avec l’arrivée du fer vers 750 avant J-C. Les canons doubles font leur apparition quelques siècles plus tard.
Après une longue période sans avancée technologique majeure, les mors pour chevaux ont plus récemment connu des avancées notables sous l’influence des grands écuyers (en particulier français) des XVIIIème et XIXème siècles. Ces écuyers de l’Ecole classique ont joué un rôle important dans l’évolution et la diversification des mors, dont certains sont encore utilisés aujourd’hui. Un exemple ? Cazaux de Nestier (1684-1754), maître et premier écuyer à la cour de Louis XV, choisissait et montait les chevaux personnels du roi avec des mors de sa fabrication très doux pour l’époque.
Les grands cavaliers (un exemple : le mors Pessoa) et les fabricants continuent de nos jours à créer de nouveaux mors en jouant sur les nouvelles matières et formes afin de toujours mieux l’adapter aux caractéristiques de chaque cheval tout en améliorant son confort.
Bien choisir le mors de votre cheval
Les caractéristiques de la bouche de votre cheval
Lorsque l’on choisit un mors pour son cheval, l’un des premiers éléments essentiels à prendre en compte concerne sa bouche. Pour cela, n’hésitez pas à vous faire aider par votre coach, votre vétérinaire ou votre dentiste équin pour vérifier plusieurs points :
- La taille de la bouche : votre cheval a-t-il une bouche étroite ou large ? Pensez à mesurer exactement, par exemple à l’aide d’une ficelle sur laquelle on fera un nœud d’un côté, la largeur de la bouche pour choisir la bonne taille de mors. Lorsque vous saisissez les montants du mors pour « tendre » le mors dans la bouche, il doit dépasser légèrement de chaque côté. Dans le cas contraire, le mors est trop petit : il risque de compresser et frotter les commissures, provoquant de l’inconfort voire des blessures.
- L’épaisseur de la langue : on en parle moins, pourtant la langue peut aussi être différente d’un cheval à l’autre. Ouvrez légèrement la bouche de votre cheval au niveau des commissures et observez l’espace entre la langue et le palais. C’est un bon indicateur pour connaître quel type de mors pourra être confortable pour le cheval sans risquer de l’empêcher de fermer la bouche ou de le blesser
- Le palais : par la même manipulation, observez la voûte du palais de votre cheval. Est-elle plutôt plate ou très arquée ? Cela vous permettra de définir le type de brisure qui pourrait convenir à votre cheval et la taille des canons qui conviendra sans le gêner. Bien sûr, il faudra mettre cela à coté des autres critères dont nous allons parler. Les gencives doivent être de couleur rose et non enflammées.
- La taille des barres : si vous utilisez un mors de bride, pensez à vérifier l’espace disponible au niveau des barres ainsi que son épaisseur, qui peuvent aussi varier selon les chevaux. N’oubliez pas que c’est une zone particulièrement sensible et qu’il faudra adapter le mors à ces critères.
Un autre point est à prendre en compte pour bien choisir votre mors : l’âge et le niveau du cheval. Cela peut paraître évident, pourtant il est essentiel de rappeler que le choix d’un mors doit se faire en fonction de l’âge et du niveau de dressage du cheval. Un jeune cheval devra être habitué en douceur et progressivement au mors : il faut favoriser les matières douces et éventuellement les formes droites. Des mors avec plus d’effet ne seront utilisés que lorsque le cheval sera plus avancé dans son travail.
Par ailleurs, un mors à effet peut être utilisé ponctuellement pour régler un problème passager ou propre à un type de séance : un cheval peut donc tout à fait avoir plusieurs mors différents au cours de sa vie, mais également selon la discipline pratiquée ou l’objectif recherché sur une période. Si votre cheval s’appuie, se crispe ou se défend, il faut étudier un changement de mors tout en vérifiant qu’il n’y a pas d’autre problème (douleur, peur, main du cavalier trop dure…).
Vos spécificités de cavalier
Si le mors doit bien sûr être adapté au cheval, il est également important qu’il le soit par rapport au cavalier. En effet, le niveau du cavalier et l’utilisation qu’il fait de sa main sont des facteurs très importants.
Pour un cavalier débutant, dont la main ne sera pas fixe et se raccrochera parfois à la bouche, il faudra privilégier des mors doux afin que la bouche du cheval ne soit pas malmenée. Plus le cavalier s’améliore dans son équilibre et son contact avec la bouche du cheval, plus il sera en mesure d’utiliser des mors plus fins dans leur effet. Les mors à levier et de bride sont introduits en général au niveau du Galop 6. Toutefois, des cavaliers de bon niveau peuvent quand même avoir une main dite « dure » : il faut alors vérifier l’adéquation entre le cavalier et le mors utilisé.
L'utilisation des mors chevaux en compétition
Si vous envisagez de sortir en concours ou pratiquez déjà la compétition, pensez à toujours vérifier le règlement de la discipline pratiquée. En effet, il est courant de s’apercevoir que certaines embouchures utilisées « à la maison » ne sont pas autorisées sur les terrains de concours une fois arrivés sur le paddock de détente. Voici quelques points de vigilance pour préparer votre sortie en concours :
- Club et amateur ? Les embouchures autorisées peuvent être différentes selon la catégorie dans laquelle vous concourrez, lisez attentivement le règlement de la FFE sur le sujet.
- TREC, pony-games ou CSO ? Selon la discipline, les mors autorisés ne seront pas les mêmes. Par exemple, le Pessoa ne peut être utilisé en TREC que s’il est monté avec des alliances, alors qu’en CSO il pourra être utilisé en 4 rênes. Autre exemple, en pony-games, les aiguilles d'un mors ne doivent pas excéder 4,5 cm.
- Mettez-vous à jour ! Attention, les règlements peuvent changer d’une année sur l’autre. Pensez à relire le règlement actualisé dès sa sortie afin de vous assurer que vous êtes en règle.
Vous trouverez la règlementation des mors sur les terrains de concours français ici à l’article 7.5. du Règlement Général FFE 2019. Vous allez y apprendre plein de choses qui vont vous permettre de briller sur les terrains de concours ! Par exemple, que le Pessoa, le releveur et le Pelham ne sont utilisables en Poney A et en Club qu’avec des alliances !
Les points de vigilance à propos des mors chevaux
Le dentiste
Les Haras Nationaux préconisent une visite du dentiste tous les 1 à 2 ans selon le mode de vie de votre cheval. Une visite annuelle est le mieux, notamment pour les jeunes et vieux chevaux. Cela permet de veiller à l’usure régulière des dents et l’absence de surdents. Il est également indispensable de vérifier l’absence de dent de loup qui pourrait rendre l’utilisation du mors douloureuse. N’hésitez pas à discuter avec votre dentiste de vos questions par rapport au choix d’un mors adapté : il pourra vous aider à analyser la bouche de votre cheval et vous orienter dans l’achat d’un mors adéquat.
Les accessoires de mors chevaux
Au-delà du « simple » choix du mors, différents accessoires peuvent venir compléter le harnachement du cheval pour plus d’efficacité et de confort. Voici quelques exemples :
- Les muserolles : française, allemande, combinée… Il existe différents modèles de muserolles. Si son rôle est de limiter l’ouverture de la bouche, la muserolle ne devrait jamais être utilisée comme outil de contention.
- Les rondelles de mors : un accessoire simple qui permet d’apporter plus de confort au cheval en évitant les pincements au niveau des commissures lorsque les anneaux coulissent dans le mors. Ils peuvent également dépanner pour adapter un mors un peu grand.
- Le protège-gourmette : pour les mors comportant une gourmette, l’ajout d’un protège-gourmette en gel ou caoutchouc permet à la fois d’amener du confort au cheval en répartissant la pression au niveau de la barbe, mais aussi de s’assurer que la gourmette reste bien à plat.
- Les fourrures : positionnées sur la muserolle ou sur les montants, les fourrures permettent de limiter le champ de vision du cheval « sur l’œil », en plus de limiter les frottements.